Liberté pour Santos

La justice est souvent à sens unique et à deux vitesses. Il n’y avait nul besoin de le démontrer mais les récents événements autour du match Atletico de Madrid-Olympique de Marseille ont prouvé que le monde footballistique n’échappait malheureusement pas à la règle, que se soit sur ou en dehors du terrain.

Depuis plus d'1 mois désormais, Santos Mirasierra, membre des Ultras, groupe de supporters phocéen, est détenu en prison en Espagne. Aprés maintes et maintes report du procès par le juge madrilène chargé de l'affaire, le réquisitoire est tombé : 8 ans de prison. Possédant la double nationalité franco-espagnole (né en France de parents espagnols), il est accusé de violences sur agent de la force de l’ordre et de troubles à l’ordre public. C'est très cher payé, même des tueurs en série ou pédophiles n'ont jamais eu autant d'égard de la part de la justice... A noter que ces accusations reposent uniquement sur les témoignages de policiers espagnols.

Pourtant, tous les témoignages recueillis, y compris ceux de deux policiers de la Brigade des Violences Urbaines de Marseille, relatent tout le contraire. Les vidéos, de supporters marseillais mais aussi la cassette donnée par Canal + Espagne, prises pendant les incidents, montrent aussi des faits disproportionnément différents de ceux relatés par les policiers espagnols. On y voit Santos discuter et négocier avec les policiers et, à aucun moment, adopter un comportement violent et belliqueux à leur encontre. Pire, on y voit ce que tout le monde à vu et revu, et ce que certains refusent obstinément de voir pour des raisons évidemment politique. En effet, sur ces images on voit surtout la charge honteuse de la Guardia Civil contre les supporters marseillais présents à ce match.

Retour en arrière. Mercredi 1er Octobre, l’OM se déplace à Vicente Calderon pour y affronter l'Atletico de Madrid. La police espagnole, connue pour être toujours très commode, est bien décidée à se faire respecter, quelques jours après d’énièmes incidents lors du derby de Barcelone. Des coups de matraques sont balancés avant même l’entrée en tribune. Quelques minutes avant le match, les membres des Ultras sont priés de retirer leur «bâche» par les stewards espagnols (alors que seuls les stadiers de l’équipe visiteur sont habilités par l’UEFA à œuvrer dans le parcage). La même bâche du groupe qui a fait le tour de France et d’Europe depuis bientôt 25 ans. Raison avancée? Une tête de mort, emblème du groupe et présente sur la bâche. Fort heureusement le ridicule n’a jamais tué personne.

Face au refus des membres des Ultras d’ôter leur bâche, c’est la police espagnole qui arrive à son tour pour réitérer la demande. Avec plus d’insistance bien sur. Alors que les membres des Ultras décident de cacher le bout de bâche en question, la Guardia Civil sort ses matraques et attaque les supporters marseillais, à aucun moment belliqueux. Pas de sentimentalisme, pas de demi-mesure, pas d’humanité. Les images ne peuvent faire voir le contraire: les policiers frappent tous les fans, femmes et vieux compris. Des scènes de lynchages gratuits sont clairement visibles. La Guardia quittera la tribune mais des coups de matraque seront de nouveau offerts aux premiers rangs de certains bus marseillais, avant leur départ retour pour Marseille. Lamentable.

A cela, l’OM, lors d’un rapport envoyé à l’UEFA, a ajouté les agissements des "supporters" de l’Atletico. A savoir les jets de projectiles (pourtant interdit dans les stades !!) sur les supporters handicapés de l’OM, priés de changer de place pour ramener le calme, et les cris de singe et autres insultes à caractère raciste proliférés à l’encontre des joueurs noirs de Marseille. Un supporter marseillais vivant à Madrid a même été agressé à la sortie du stade et rafistolé de quelques points de suture.

Malgré tout cela, ironie du sort, Santos est lui incarcéré ou plutôt séquestré en Espagne, et le juge refuse d’utiliser les images vues de tous en avançant qu’elles ont pu être «truquées». Pathétique. L'UEFA quant à elle a bien évidemment sanctionné l'Atlètico de Madrid ( 2 matchs de suspension de stade à huis clos et 150 000 euros d'amende pour l'entraîneur de l'Atlético qui avait insulté un joueur marseillais). A noter que d’autres fans avant ceux de l’OM, notamment Anglais et Ecossais, avaient déjà pu bénéficier du comité d’accueil espagnol et avaient gouté aux matraques de la Guardia. Certains clubs s’étaient même plaints du traitement ainsi réservé à ses fans.

Les Ultras de Marseille ont rédigé, un courrier pour interpeller le président de la République et aider à mettre fin à cette «parodie», et le maire de Miramas, où vit Santos Mirasierra, a reçu la famille. Les instances du football français ont elle poursuivi leur activité de sieste quotidienne alors que les médias français n’ont jamais évoqué l’affaire...

Espérons que ces initiatives (beaucoup de supporters marseillais ont fait parvenir des lettres au consulat de France en Espagne) feront bouger les choses car Santos est pour l’heure toujours en Espagne. En Espagne où la langue de bois a encore plus belle place qu’en France. Le lendemain du match, les quotidiens sportifs espagnols soulignait le courage de la Guardia face aux «sauvages» de Marseille. Les Ultras de La Corogne, avec qui les marseillais ont une amitié, ont brisé la loi du silence en donnant une conférence de presse pour tenter de sortir de la désinformation véhiculée par les pouvoirs publics. Mais autant demander l’impossible en leur priant de rétablir la vérité et de désavouer leur police.

Pire, le 22 octobre 4 supporters Bukaneros du Rayo Vallecano (autre club de Madrid) ont décidé de témoigner en faveur de Santos. La justice n'a pas pris la peine de donner une suite favorable à leurs témoignages. Mieux, le 29 octobre ces 4 mêmes supporters ont été copieusement passé à tabac par la charmante Guardia Civil...

Heureusement dans ce pays, certains groupes de supporter ont encore les yeux en face des trous comme les Riazor Blues du Deportivo La Corogne, Kolectivo Sur de Jerez, Biris Norte du FC Séville et Bukaneros du Rayo Vellecano en apportant leur soutien sans faille à Santos et aux Marseillais, unis contre la violence et le racisme.

L'Espagne par son aveuglement à couvrir ses forces de l'ordre d'un autre âge est sur le point de commettre l'irréparable...Une des plus grosses erreur judiciaire de ces dernières années !!

LIBERTE POUR SANTOS !
LIBERTAD PARA SANTOS !
FREEDOM FOR SANTOS !